Le temps est pareil à une brume argentée : insaisissable, il rend les événements ouatés et lointains. On ne voit rien à plus d’un mètre, alors on avance, un pas devant l’autre. Et puis un jour, le voile se lève et on découvre, étonnée, toute la distance parcourue.

Alors, que dire de 2021 ?

Des semis et des pots

Grande nouveauté, j’ai commencé un journal de jardinage. Je note le jour de semis, de plantation et le jour de récoltes, en espérant que j’apprendrai de mes erreurs.

Déçue de 2020, où je n’avais pas pu acheté de graines et de plants à temps (confinement et déménagement obligent), j’avais anticipé mon stock dès septembre : fraisiers “Reines des vallées”, salades quatre saisons et roquettes, carottes violettes, radis multicolores, tomates « black cherry » et « purple russsian », thym, basilic marseillais, persil et des fleurs : coquelicots, œillets des chine et ipomées tricolores.

Les semis de menthe, fraises, tomates et basilic ont de façon générale bien pris. La mini-serre a compensé le manque de lumière, mais les plants ont eu tendance à s’effilocher. L’exposition Nord-Ouest n’a pas été d’une grande aide…

Semis de tomates
Plant de tomate, à la recherche de lumière

Les pieds de tomates ont plutôt bien donnés, les basilics aussi, tout comme les fraises (fin, pas de ouf non plus, mais c’est correct pour des fraises des bois…).

Tomate “Black cherry”
Fraises “Reines des vallées” dans son pot maison
Fraises “Reines des vallées”

Par contre, les résultats pour les légumes, carottes, salades et radis ont été plus modérés, voire quasi nuls pour ces derniers. Les quelques carottes qui ont poussé n’avaient pas assez de profondeur. Cependant, elles étaient goûteuses et belles. Les salades mettent plusieurs mois à pousser, et quelqu’un-e peut m’expliquer pourquoi elles ne pomment pas ?? Mais les radis… des feuilles et plus rarement une racine chétive au goût poivré trop prononcé.

Le bac des carottes n’est clairement pas assez profond…
Belle montée en graine de mes salades…

J’ai aussi acheté de plants de houblons pour ombrager le balcon l’été. Le feuilles sont très belles, tirant sur le doré. Les branches ont grimpé sur les tuteurs en bambou et protégeaient du soleil les habitants du lombricomposteur.

Et puis vient juillet, avec son lot de maladies, de pucerons et de tétranyques tisserands.

Les coquelicots ont été très vites mangés, l’ipomée a lutté vaillamment pendant des semaines, en vain. J’ai cru perdre mon jasmin étoilé et mon chèvrefeuille… Les houblons ont été à la fois attaqués par une sorte de mildiou et par les tétranyques. Sachant que les champignons aiment un environnement humide, et que les tétranyques détestent ça, j’étais coincé entre l’enclume et le marteau. Pourtant, j’ai éliminé manuellement les pucerons, humidifié en soirée les araignées rouges, badigeonné les ramures de bouillie bordelaise…

Les feuilles de l’ipomée tricolore sont piquées de tétranyques
Serait-ce le mildiou du houblon ?

Bref, l’été a été… mitigé.

Je vais pas me leurrer : l’étage élevé complexifie la résilience du micro-jardin : beaucoup de vent, peu de pluie, moins d’insectes (ce qui est un avantage vis à vis des moustiques…) et mal exposé. Mais je ne désespère pas : malgré la hauteur de mon balcon, des coccinelles ont finies par pondre des œufs sur un de mes houblons et des abeilles et gros bourdons sont parvenues jusqu’à mes tomates. En vrai, les tomates n’ont pas besoin d’insectes pour donner des fruits, mais c’est tellement apaisant d’observer le butinage des insectes.

Des œufs de coccinelles sur des feuilles de houblon

Pour 2021, je vais essayer de mettre plus de fleurs pour attirer les insectes auxiliaires. Si mes houblons repartent, je les traiterai à la bouille bordelaise très tôt. Et cette fois-ci, je dégainerai les produits anti-fourmis dès le début de l’invasion, sans remord.

Bien sûr, j’ai déjà craqué pour des graines. J’ai hâte d’observer chaque jour mes semis pousser. Je testerai les radis de 18j, peut-être que j’obtiendrai quelque chose. Sinon, tant pis pour les radis. Et le piment de Bresse sur un balcon au Nord, on y croit, non ?

Du vélotaf

Vous l’avez peut-être remarqué, le nombre de cyclistes a énormément augmenté. De mon point de vue (et de celui des asthmatiques), c’est une bonne chose. Cependant, je me suis rendue compte que cette foule bicycle était pour moi une cause de stress, et ce dès le matin. Les confinements et le télétravail durant des mois n’ont pas dû m’aider.

Plus il y a du monde, plus il faut faire attention : vérifier les angles morts pendant les dépassements, anticiper les trajectoires des cyclistes et piétonnes, ralentir quand on est coincée derrière une personne que l’on ne peut pas doubler en gérant le manque de visibilité (mais pourquoi il y a autant de grands ?)…

Et plus il y a de monde, plus on croise des gens qui roulent comme des gros bitards. Dépassements par la droite, arrêt sur les passages piétons, rabattements sauvages, frôlements (et insultes) des personnes à pieds… J’ai même vu un gars qui a failli se prendre la barrière du tram dans sa tentative de dépassement par la droite.

Bien sûr, ça m’arrive aussi de faire de la m***e. Comme tout le monde. Mais, est-ce trop demander un minimum de respect ?

Bref, j’en ai eu marre de devoir faire autant attention aux autres et d’arriver chez moi énervée. Alors j’ai changé de trajet pour un parcours plus direct et avec moins de cyclistes. Il y a une petite montée à un moment, parfait pour se défouler (et cracher ses poumons en arrivant en haut de la côte).

Le petit soucis est l’absence de bandes cyclables sur un kilomètre, dans une rue à sens unique voitures, limitée en grande partie à 30 km/heure.

Sur ce tronçon, j’avoue que mes mollets chauffent un peu 😉

On pourrait se dire que ce trajet est objectivement moins sécurisé que le précédent, qui utilisait en très grande partie des bandes cyclables, voire mêmes des vraies pistes, sauf que je préfère largement rouler à fond sans me poser de questions, laissant les voitures gérer leur vitesse et leur trajectoire, plutôt que de devoir me taper des cyclocouilles.

Et ça défoule.

Juste pour info, sur ce fameux tronçon, je rattrape toujours les voitures qui m’ont doublé. C’est drôle quand même.

Sous le clavier, la plage

Je n’ai pas commencé de roman cette année, surtout par peur d’un projet de longue durée. A la place, j’ai écrit des nouvelles. Des projets plus courts et donc, pour moi, plus facilement gérables : la structure est visible (quasiment) d’un coup d’œil, la montagne semble moins dure à grimper et la réécriture moins longue.

J’ai répondu à un appel à texte, mais l’idée d’avoir une date butoir me stresse et je me rends compte que je suis très lente à corriger. Je ne pense pas recommencer l’année prochaine. Je rédigerai mes textes, puis j’essaierai de les placer.

Plus j’écris, plus je me rends compte à quel point j’ai du travail avant d’avoir une plume correcte. Et à quel point, c’est dur. Et à quel point, j’aime écrire. Ça doit être mon côté masochiste.

Suite à la forte diminution du télétravail, j’ai eu du mal à retrouver un rythme d’écriture satisfaisant. Le télétravail a cet avantage : je pouvais écrire avant que mes activités salariées pompent toute mon énergie. Avec sa suppression, je pars à 8h du matin pour revenir à 18h30 passée. Et là, franchement, entre la fatigue des yeux et celle du cerveau, je fuis toute forme de travail sur écran. Alors, les séances d’écriture se sont espacées. Sauf qu’écrire une à deux fois par semaine n’était pas suffisant de mon point de vue, car je perdrai beaucoup de temps à me replonger dans mon texte. Bref, je dois reprendre ma gymnastique quotidienne…

J’écris moins de haïkus. Je ne réussis pas à me mettre dans l’état d’esprit nécessaire pour ce type d’écrits. Quelques-uns me viennent encore, mais dans les moments de nuit. Un peu comme si le format court me permet de circonscrire des émotions que je n’arrive pas à garder en moi.

Vous l’avez peut-être constaté, j’ai eu du mal à me dégager du temps pour écrire ce blog, même si je suis (presque) arrivée à publier un article par mois. En moyenne, 50 robots (et probablement quelques humain-e-s ;)) visitent mon site par jour, ce qui m’étonne, ma foi, énormément. Bon, je ne vais pas me mentir, ça fait du bien à l’ego.

Les articles les plus lus sur 2021 sont : Nef, anthroposophie et écolo-ésotorisme, Burn-out : quand le travail crame et Un an de lecture. Pas de haïku dans le palmarès cette année.

J’ai plusieurs sujets que j’aimerai aborder, soit parce qu’il me grattouille, soit parce que l’on n’en parle pas forcément beaucoup. Alors, j’espère améliorer ma régularité pour 2022.

La suite dans le prochain article.

Edit du 31/12/2021 : correction mineures (coquilles, fôtes, tournures)