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Un an de lecture 2023

L’année 2023 est un peu particulière. J’ai passé une partie non négligeable de mon temps en arrêt maladie, ce qui explique le nombre plus élevé de livres lus que d’habitude. Les livres me permettent de me blinder contre une réalité pas forcément reluisante. Oui, les livres peuvent donner de réfléchir sur notre monde cassé. Mais on n’oublie un peu trop – quand on milite – la fonction d’évasion et de beauté de la littérature. J’aime accompagner une auteurice dans son imaginaire et y créer mon petit monde à moi. J’aime aussi être éblouie devant une phrase qui me touche comme une flèche dans sa cible. Durant ces mois compliqués, la littérature, comme souvent, m’a permis de tenir et de rêver. Et, en soi, c’est déjà beaucoup.

Strophe sapphique 4

La nuit mon amie tu fuis à travers bois

Comme une biche mystérieuse et sauvage

J’aimerais tant chevaucher ton dos de moire

Saisir les étoiles

Strophe sapphique 3

Sens-tu les cris de la foule sur nos peaux ?

La colère en fusion brûlant dans nos veines ?

La joie candide au fond de nos yeux d’airain ?

Sens-tu la révolte ?

Colère

Un matin, à l’heure où s’estompent les peurs
J’ai ouvert la plaie près de mon cœur
Et écarté la chair de ma poitrine

J’en ai tiré un fil de colère
Trempé dans l’amer aux reflets bleus-gris
Il colle à mes doigts, il colle à mes nerfs,
Il engourdit ma rage dans les entrelacs
Poisseux de pensées ressassées

Je pourrai le couper d’une lame de rasoir
Ce fil qui me rattache aux Moires
Je décide d’en filer une pelote de laine
Ressortir le rouet construit par d’autres
Passé de mains en mains incognito

Je saisis les aiguilles de ma grand-mère
Et de cette pelote de haine tricote un paysage fleuri
Je mêle mon fil à la tapisserie commune

des brisées de ce monde


Transformant l’amer en beauté
La colère en luttes
Les peurs en patchwork de joies bigarrées

Un nouveau rivage

Rage du carnage

Des laissé·e·s pour contre

Qui laissent leur plumage et leurs rêves sur le carrelage

*

Rage du chantage

Des nantis biens pensants

Qui fait barrage aux espoirs, aux possibles, au voyage

*

Rage du broyage

De nos corps aliénés

Qui nous agenouille dans l’ombrage invisible du mirage

*

Rage de l’abattage

De nos droits à la vie

Qui nous prend en otage entre gazage et servage

*

Alors,

On s’engage

On casse la cage

On fend le voilage

On rend hommage à nos ainé·e·s pas si sages

*

Un voyage sans retour

Un mariage de lutte

Un orage d’été

Une majestueuse fête

*

Vers l’abordage d’un nouveau rivage.

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