La chute brutale réveilla Azza. Allongée sur le sol dur, elle ouvrit les yeux. Elle était toujours au milieu du jardin et devinait la silhouette de Zakioru roulé en boule contre une jardinière. Les autres hommes avaient disparu. Elle se leva, les membres douloureux, avant de se diriger cahin-caha vers la trappe. Un kof lui ferait du bien et, vu la beuverie de la veille, elle aurait peu de chance de croiser Saelys de sitôt. Les murs tanguaient autour d’elle et un moteur de découpes-ferrailles, un gros, un de ceux que l’on trouvait au sein des ateliers de réparations de navires, vrombissait au milieu de son crâne.
Étiquette : arcadie
Aucun autre débordement n’avait été constaté depuis l’altercation de la semaine précédente. Saelys filait droit et gardait ses réflexions pour lui tandis que Yuka évitait de se retrouver seule à seul avec le cuistot. Elle s’occupait autrement.
Point d’attention : un personnage raconte le suicide d’un proche. Si vous avez besoin d’aide, le numéro national de prévention du suicide peut vous aider : 3114.
Azza n’avait pas l’habitude de ressentir de la culpabilité. En général, elle chassait l’émotion avant que celle-ci puisse l’engluer dans des regrets qu’elle trouvait mal venus et mal placés. Le passé était le passé. Pas besoin de revenir sur des actes pour lesquels elle ne pouvait plus rien faire. Mona, son ancienne doctoresse, lui avait soutenu le contraire, que le passé pouvait être modifié et l’avait abreuvée de théories physico-mystiques sur le temps circulaire. Mais elle était morte maintenant, comme le reste de son équipage. Il s’agissait pour Azza un indice très fort que ces théories étaient dans le faux, ou du moins guère utilisables en pratique.
Azza regardait le miroir sans tain d’un regard vide. Elle ne prit pas la peine d’essuyer les taches de sang coagulé qui parsemaient son visage et ses bras. C’était inutile. Elle sentait bien qu’elle avait outrepassé les règles et qu’elle allait en payer le prix. Elle n’avait pourtant aucun remord. Elle avait réagi avec honneur et ça, des pirates ne pouvaient pas le comprendre.
L’Arcadie traversa les portes spatio-temporelles les unes après les autres sans que les faux papiers de Yuredig ne posèrent de problème. La dernière porte traversée, le vaisseau n’était plus qu’à quelques heures de l’astéroïde prisé par les fêtards et noceurs de toutes sortes. Naël connaissait l’endroit de réputation, un des rares lieux de liberté encadrée, coincé entre une Fédération autoritaire et un Empire guerrier. Tout était permis, tant que l’on alignait les Feds sur la table. Une soupape parfaite pour une jeunesse argentée et désœuvrée.
Dès qu’elle entra dans la cabine que lui avait assignée le capitaine, Azza fut attirée par le lit double remplissant la pièce. Elle s’allongea dessus et s’enfonça dans les couvertures au moelleux incomparable après des années à dormir sur une planche. Une odeur un peu musquée s’accrochait aux draps, lui rappelant qu’ici n’était pas sa vraie place. Elle ferma les yeux, lasse.
Quand Azza rouvrit les yeux, elle ne vit qu’un halo diffus. Son corps flottait, léger, si léger, comme en apesanteur. C’était donc à ça que ressemblait la mort ? Un vide rempli de liquide chaud, flou et lumineux.
Avant-propos : j’ai hésité longtemps avant de le publier, mais voilà, même s’il est loin d’être parfait, j’aime bien mon premier roman, un space opera assez classique. J’espère que vous pardonnerez les erreurs d’écrivaine débutante (que je suis encore) pour apprécier le roman. J’essayerai de publier un chapitre un mercredi sur deux. Bonne lecture.