La trilogie de Daevabad est une trilogie (!) de fantasy se passant dans un univers moyen-oriental. L’histoire commence dans le Caire du XVIIIe siècle. Nahri est une jeune femme survivant par des petits larcins. Elle possède un don pour guérir et rêve de devenir médecin. Cependant, un soir, elle organise une arnaque basée sur une sorte d’exorciste, mais qui se passe mal : elle appelle Dara, un guerrier djinn de 1 400 ans, qui lui-même attire des démons autant millénaires que lui, des éfrits. C’est le début d’une fuite vers la ville djinn de Daevabad, en compagnie de Dara.

Photo de la couverture du livre. Une fenêtre aux décorations de feuilles en or donne sur une ville aux multiples tours et minarets sur un fond vert foncé

L’histoire est racontée de deux puis trois points de vue : celui de Nahri, celui d’Ali, un jeune prince guerrier djinn, et, à partir du deuxième tome s’ajoute celui de Dara. Chaque personne a sa façon propre de voir le monde, liée à leur éducation, leur personnalité et aux événements de leur vie. J’ai aimé ces trois personnages, même si voir Dara s’enfoncer dans des choix de plus en plus foireux m’a fait mal au cœur. Mais ceux-ci s’expliquent malheureusement par son histoire.

Je trouve que les personnages, les relations entre eux, sont un des points forts de ce livre. Les alliances vont changer en fonction du temps, et chacune et chacun essayera de faire au mieux en fonction de leurs valeurs et des rares alternatives qu’iels peuvent avoir.

Un autre point fort est l’univers. Le peuple djinn est composé en 7 tribus, rivales et alliées, avec chacune leur culture propre liée en partie à leur lieu de vie. A cela s’ajoute les Shafits, des êtres mi-humains mi-djinns. L’autrice prend plaisir à nous décrire Daevabad, la ville djinn où vit le roi, et toutes les merveilles du monde djinn, les différences culturelles, la nourriture, l’architecture, les religions, ce qui donne une texture au monde décrit.

La vengeance, la haine et le racisme ethnique sont des thématiques importantes du livre. Celles-ci se basent sur des analyses de l’histoire djinn, comme s’il n’était pas possible de dépasser les guerres du passé. Les Shafits sont traité·e·s comme des êtres inférieurs, coincé·e·s dans la ville. Les Daevas, une des tribus djinns qui a perdu le pouvoir 1 400 auparavant, continuent de vivre dans ce passé glorieux et sous le joug du roi tyran. Mais les Daevas haïssent encore plus les Shafits, qui sont pour elleux des erreurs face au créateur. Rien n’est tout blanc ou tout noir dans ces romans. Même les actes de la grande méchante qui se révèle dans le tome 2, et surtout dans le tome 3, s’expliquent par le monde dans lequel elle a grandi. Bien sûr, comprendre ne justifie en rien, que ce soit dans un roman ou dans la vraie vie… La justice est un autre thème fort de la série : comment être juste dans un monde foncièrement injuste ? Ce sera un des moteurs d’Ali.

Il y a même des touches de romance, un poil cliché au début mais qui heureusement le devient de moins en moins, mais que j’ai apprécié et qui ont en plus une utilité dans les livres.

J’ai noté plusieurs points faibles de mon point de vue. D’abord, parmi les 7 tribus djinns, seules trois seront vraiment décrites. On en sera au final très peu sur les cultures des autres tribus.

La présence de minorité de genre est faible dans le premier tome. Heureusement, plus de personnages secondaires femmes apparaissent ou prennent de l’importance dans les deux derniers tomes. Par contre, aucune personne non binaire et a priori trans ne sont visibles. L’hétérosexualité est très présente, même si un couple homosexuel de personnages secondaires auront plus de poids dans l’histoire à partir du deuxième tome.

J’ai eu quelques problèmes avec le fonctionnement de la magie. Au moins deux éléments m’ont questionné, sans que je puisse avoir de réponses claires. D’abord, dans le premier tome, un des personnages devient de plus en plus puissant sans raison particulière (à part pour l’histoire). Le deuxième cas est l’importance que prennent les noms dans cet univers : il est possible de posséder/maîtriser les personnes en connaissant leur nom. Or, ceux-ci n’ont, la plupart du temps, rien de secret ! Comment se fait-il que cette magie n’est pas plus utilisée ?

J’avoue, cela ne m’a pas gêné outre mesure tellement j’étais prise dans l’histoire, la découverte du monde magique et du fonctionnement de la société de Daevabad, les intrigues politiques et l’action.

En bref, malgré des défauts, j’ai un réel coup de coup pour cette trilogie, que j’ai dévoré très vite et qui m’a suivi même après la lecture de la dernière ligne de la dernière page du dernier tome. Une réelle bonne surprise pour moi et, si vous n’avez pas peur des pavés de 800 pages, que je conseille grandement.

Note : cette chronique a été écrite dans le cadre de la 11e édition du « Challenge de l’Imaginaire » lancée par la blogueuse de « Ma Lecturothèque ». Merci à elle pour cette idée !

Challenge de l'imaginaire est écrit en rose pastel. Dans le "C" de Challenge se trouve un dessin de la tête d'une astronaute noire. En fond, en rose plus pâle, est écrit "11"
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