Étiquette : bipolarité

Randonnée au Larzac : Chenilles et cyclothymie

Avertissement : dépression, idées noires

Cette année, j’aurais dû partir en Bretagne. Le parcours était prêt, les camping réservés tout comme l’hôtel et les billets achetés.

Sauf que, eh ! bien, en Bretagne, il pleut et que la tente sous la pluie, c’est pas trop mon truc.

Changement de programme une semaine avant le grand départ. Après quelques recherches (non, la GR au-dessus des gorges du Verdon n’est pas pour moi…), j’arrête ma décision sur le tour du Larzac et ses châteaux de templiers.

Bilan 2023 : une année en pointillé

J’ai écrit une première version de ce texte.

J’ai attendu.

Puis j’ai relu.

J’ai compris que je n’étais par Audre Lorde.

J’ai tout effacé et réécrit.

***

Voilà, j’ai développé un trouble bipolaire. J’écris « développé » car je n’avais jamais fait de crise (hypo)-maniaque avant noël 2022. Des dépressions se sont suivies à la queuleuleu depuis ma fin d’adolescence, sans phase intense de speed.

Le point positif de tout ça est d’enfin savoir pourquoi je me sens mal depuis des années. Ce n’était pas que dans ma tête. Fin si. Fin on se comprend. Comme certaines personnes le racontent, poser un diagnostic m’a permis d’avoir l’impression de pouvoir maîtriser ce trouble. Pas guérir, non. Vivre avec.

Et donc je suis folle. Bien sûr, je m’en doutais un peu. Vivre dépression sur dépression déclenchées par des causes plutôt minimes indique que quelque chose déconne un peu dans son cerveau.

Folle par cycle.

Folle à vouloir en crever pour avoir l’impression de ne pas arriver à *performer* au travail.

Folle à vouloir se laisser entraîner dans une danse folle folle folle à tournoyer rire jongler courir chanter danser aimer.

Ou peut-être que la folie vient de ce monde qui crée des cassures dans les gens ? Concrètement, le capitalisme, le sexisme, le racisme sont des terreaux fertiles pour, si ce n’est les éviter, aggraver les folies, les rendre (plus) difficiles à vivre.

Par exemple, comment ne pas être dépressive quand on vit dans une chambre de douze m² avec un néon grésillant au plafond et des pâtes au fromage à manger pour les deux prochaines semaines ? Ou quand on se retrouve seule à gérer un bébé qui nous réveille toutes les deux heures ? Comment ne pas être stressée dans un monde où priment libéralisme et de productivité ? Ou quand on ne sait pas si son fils reviendra vivant d’un contrôle de police ?

La fin des systèmes de domination est une nécessité.

Mes troubles sont la toile de fond de toute mon année 2023, avec cinq mois d’arrêts, trois dépressions, une crise suicidaire et une manie.

Je m’en sors bien.

Tableau. Trois chemins sinuent dans un champ de blé. Au dessus du champ volent des corbeaux noirs, comme des v en noir. Le ciel, représenté à grands coups de pinceau, est dégradé d'un bleu clair vers un bleu nuit. Deux zones illuminées donnent l'impression d'un soleil et d'une lune dans le ciel.
Champs de blé aux corbeaux de Van Gogh

Forcément, mon implication dans les milieux militants en a pâti. Comme je le dis souvent, quand on est mal, on milite mal. Du moins de ce que j’ai observé de ma longue (lol) expérience militante.

J’ai donc passé en arrêt une bonne partie de la lutte contre la réforme des retraites. La conclusion de ces six mois de combat et de ces millions de manifestant·es ? Que, malgré une mobilisation extraordinaire, la grève a été peu suivie. Et c’est la grève qui fait plier les patrons. En ça, l’auto-organisation entre collègues est nécessaire pour créer un rapport de force contre les patrons et toustes celleux qui nous écrasent et préparer une société sans capitalisme. En bref, rejoindre les syndicats. Sur le côté révolutionnaire du syndicat, ce n’est pas moi qui le dit mais la Charte d’Amiens, dont se réclament la CGT, Solidaires, la CNT…

Photo d'une manifestation avec pancartes.
La manifestation prend toute la largeur du grand pont de la Guillotière.
Au fond, la cathédrale de Fourvières.
Manifestation contre la réforme des retraites (janvier 2023)

J’ai participé en pointillé au groupe anarchiste dans lequel je milite, prise entre déceptions et syndrome de l’imposteure. Il paraît que mon avis est biaisé, donc j’attends de voir. J’ai envie d’apprendre, de lutter, de créer. De féminisme, aussi.

Mon premier arrêt a été une période féconde, avec de nombreuses nouvelles écrites, qui attendent sagement dans leur dossier que je les reprenne. Un jour, peut-être. Une plus ancienne a été sélectionné finaliste par un concours sur le fantastique et un poème par un concours sur le thème de la frontière. J’ai les deux recueils dans ma bibliothèque pour me prouver à moi-même que, oui, j’y suis arrivée.

Photo d'un bureau sur lequel un écran d'ordinateur montre Sébastien, le crabe de la petite sirène, en train de mimer un baiser.
Sous le bureau, deux lapins regardent la caméra.
Est-ce que j’ai passer une grande partie de mon premier arrêt à revoir des Disney ? Hmm, possible.

Les six derniers de l’année ont été mois évidents. La dépression, le trou gris d’eau boueuse dans lequel on se noie, rend difficile la création.

Grâce au challenge de l’Imaginaire (pour s’inscrire à l’édition 2024, c’est ici), je me suis astreinte à rédiger (un peu à l’arrache, je l’avoue) des critiques de livres de façon régulière. Je pense que ce sera l’activité principale du blog car je souhaite diriger mon temps d’écriture à mes textes. Je travaille actuellement sur une romance un poil clichée, mon shojo comme je l’appelle. Ce roman sera un de mes objectifs de cette année (et de celle d’après probablement).

Le blog a plutôt bien fonctionné cette année, en particulier de vieux posts. Les trois articles les plus vus sont :

Photo d'une manifestation sous la pluie.
En premier plan, des gens tiennent un énorme drapeau palestinien.
De nombreux drapeaux palestiniens sont tenus par la foule.
Manifestation en soutien au peuple palestinien

En fait, je triche. L’article le plus vu de cette est celui annonçant la pause estivale du blog. J’en conclus que les robots aiment la montagne.

Photo. Un glacier blanc-gris, fissuré de milliers d'entailles, sur une montagne aux roches grises.
Au pied de la montagne, un  lac aux bords enneigés qui reflète le glacier. Le ciel bleu est nuageux.
Glacier blanc dans les Ecrins

Une autre conséquence de ma dépression estivale est l’échec de mon mini jardin de balcon qui n’a pas donné grand chose, coincé entre une invasion d’araignées rouges (encore elles…) et mon incapacité à m’en occuper correctement. Malgré tout, certaines plantes ont plutôt bien résisté : piment, belle de nuit, ipomée, bourrache, basilics, ma fidèle ciboulette, thym et capucines. Je vais essayé d’adapter mes semis en fonction de ce retour d’expérience. Et puis j’ai envie de fleurs. Étonnamment, mon jasmin étoilé est un peu reparti, ce qui m’a permis de faire le deuil de mon chèvre-feuil qui me suivait depuis sept ans.

Photo d'une fleur de ciboulette aux pétales roses tirant sur leviolet clair). En flou et en arrière plan, on devine un balcon tout en longueur
Fleur de ciboulette

Comme l’année dernière, j’ai beaucoup marché, entre un séjour à Briançon et mon périple cévenol. J’aime marcher. En fonction de son envie, ces randonnées courtes ou non peuvent être des moments de dépassement de soi, de partage, d’ouverture à la beauté, de communion avec soi-même et de créativité.

***

Marchant funambule

Sur la crête d’une dune

Un pas après l’autre

***

Ne jamais oublier la beauté d’un coucher de soleil, la main chaude d’un·e amant·e, l’odeur d’une fleur ouverte, une musique qui vous entraîne.

Que votre année 2024 soit belle.

Des troubles dans l’humeur

Avant-propos : ce billet va parler de dépression. Si vous avez des pensées suicidaires, le numéro national de prévention du suicide peut vous aider : 3114.

Depuis quelque temps, je navigue à vue. Chaque vague à l’âme, chaque joie devient suspecte. Le moindre frémissement de mes humeurs est inspecté au microscope à la recherche d’un signe de montée ou de descente.

Strophe sapphique 1

Je plane et vole au dessus mots et vallées

A travers les nuages rouges d’idées

Mon filet d’argent casse à trop attraper

De pensées radieuses


Un poème sur l’hypomanie, cette phase euphorique de basse intensité que l’on peut connaître quand on a des troubles bipolaires.

J’aurai pu utilisé « troubles de l’humeur », mais voilà, je n’aime pas enjoliver la réalité en évitant des termes connotés. J’ai besoin de ce mot rude pour me faire à cette réalité.

Bipolaire.

Bipolaire.

Bipolaire.

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