Je hais les bordures. Je les déteste. Et elles me les rendent bien.

En un an et demi de vélotaf (le fait de prendre le vélo pour aller au taf), les bordures sont responsables de 3 de mes 4 plus grosses chutes. Avec comme résultats beaucoup de bleus, des freins déréglés, un pneu crevé, une fourche tordue et un poignet cassé. Oui, en général, je ne fais pas les choses à moitié.

Un petit exemple – en plus garanti avec un gros splash et sans blessée :

Vidéo de chute liée à une bordure

Note : j’ai tout à fait le droit de rouler sur le trottoir si je me déplace à l’allure du pas, comme l’indique l’article R431-9 du code de la route.

Pour la petite histoire, maintenant je roule en plein dans les flaques en bonne mimi cracra. Ça sert à ça, les vêtements de rechange…

Définition

Mais en fait, c’est quoi une bordure ?

Une bordure est « un élément vertical ou incliné bordant la chaussée ou l’accotement, pouvant constituer une partie du dispositif d’écoulement des eaux, renforçant ou protégeant le bord de la chaussée ou de la surface roulable et indiquant de façon précise aux conducteurs la limite de la zone accessible aux véhicules” (merci Wikipedia!).

Bref, c’est une différence de hauteur pour marquer la limite entre deux zones. Cette hauteur peut être plus ou moins élevée si en plus on veut empêcher nos ami-e-s automobilistes de garer leur voiture à des endroits où iels n’auraient pas le droit.

Bordure et mobilité

Mais, mais, quel est le problème avec les bordures ? Peut-être ne suis-je juste pas très douée ?

Peut-être. Mais alors c’est aussi le cas de ma grand-mère qui est tombée à cause d’une bordure de 2-3 cm. Les bordures ne sont pas les amies non plus des personnes à mobilité réduite. Ni des fauteuils roulants, ni des poussettes, ni des caddies.

Et tout ça pour quoi ? Souvent, pour empêcher les voitures de rouler/se garer sur le trottoir.

Ça fait des emmerdements pour beaucoup de personnes pour un résultat qui pourrait être résolu par exemple par des potelets (pour les voitures) ou des lignes de couleur (pour les pistes cyclables). Ou par l’application de la loi…

Et d’autres bordures n’ont pas d’explication autre qu’esthétique.

Celle-là par exemple :

Une bordure délimitant  la piste cyclable et la route à Lyon
Un exemple de bordure

Elle n’empêche pas les voitures de se garer sur la bande cyclable. Et, si une voiture stationne sur la bande (ce qui, entre nous, arrive régulièrement…), cette bordure va surtout empêcher le ou la cycliste de remonter sur la bande une fois qu’iel aura dépassé la voiture. Super.

Résumé

Comme beaucoup d’éléments de notre paysage urbain, les bordures sont utilisées et réfléchies en rapport avec la voiture. Il serait peut-être temps d’arrêter de mettre cette dernière au centre de notre politique urbaine et de créer un nouveau vivre-ensemble, notamment en prenant en compte les plus fragiles – les personnes piétonnes et les véhicules modes doux, par exemple en étudiant l’urbanisme avec le prisme du genre. La suppression des bordures est un moyen – non suffisant – pour atteindre cet objectif.