La fileuse d’argent est un roman de fantasy écrit par Naomi Novik. On y suit plusieurs personnages, mais trois sont principaux : Miryem, préteuse sur gage, Wanda, une fille de ferme et Irina, une fille de duc. Les destins de ces trois femmes vont s’entremêler pour tisser une histoire commune. Ce sont aussi trois femmes qui décident, chacune à leur façon, de dire « non ».
Myriem est fille et petite-fille de préteur sur gage. Face à des difficultés financières, elle reprend l’activité de son père sous l’opprobre des gens de son village – et de ses parents qui sont attristé·e·s de la voir s’endurcir à cause de ce métier. Néanmoins, elle redresse la situation de sa famille au prix d’une froideur dans les relations interpersonnelles. Elle va alors attirer l’attention du roi des Staryks, ce peuple responsable des hivers de plus en plus rigoureux et longs, qui lui demande de changer son argent en or.
Wanda doit faire face à la violence de son père. Elle trouve cependant la force pour gérer seule la maison et s’occuper de ses deux frères. Ce personnage semble de premier abord égoïste, mais face à la surcharge de travail domestique, la pauvreté et les violences patriarcales, a-t-elle le choix ? Grâce à Myriem, qui l’embauche comme aide, elle apprend à compter et à lire. Ses frères vont aussi l’aider dans les tâches domestiques, créant une solidarité de fait. Iels pourront affronter leur père ensemble.
Irina est fille d’un duc qui a monté dans la hiérarchie nobiliaire grâce à son savoir militaire. Elle n’est pas considérée comme belle et ne peut pas espérer un mariage brillant. Pourtant, grâce à l’argent des Staryks, son père parvint à la marier au tsar, un homme cruel. On la découvrira grande stratège et fine politique.
La force de ses trois femmes est impressionnante et communicative. Chacune, à leur façon, fera face aux dangers qu’elle rencontrera et montrera une puissance vivifiante de caractère.
Un autre aspect positif du roman est le traitement de la judéité de Myriem. Sans être le thème principal du roman, l’autrice parvint à décrire la culture juive, ses rites mais aussi les violences dont peuvent faire face les personnes juives (ghettos, pogroms, limitation dans les métiers…) tout comme leur grande solidarité.
Le peuple Staryk et son fonctionnement sont racontés du point de vue de Miryem. Tout lui semble étrange, hostile, notamment le roi, mais une facette de leur culture permettra à Miryem de s’en sortir dans cet univers de froid. En effet, tout est régit par des contrats oraux où la négociation est de mise, domaine où Miryem excelle par son expérience de préteuse sur gage.
La narration à la première personne est très immersive. Chaque personnage a leur propre voix, avec leur rythme, leur niveau de langage ; la caractérisation est une réelle réussite de mon point de vue.
En point négatif, je pense que le traitement de la romance finale est un peu rapide, l’ellipse de plusieurs mois n’aidant pas à voir le lien se créer entre les deux personnes concernées. De plus j’ai eu besoin de relire à plusieurs reprises certains passages pour bien comprendre les tenants et aboutissants.
Malgré ces défauts, l’univers et les personnages m’ont ensorcelés pendant plusieurs jours, me donnant envie de relire le livre et de découvrir d’autres romans de cette autrice.
Note : cette chronique a été écrite dans le cadre de la 11e édition du « Challenge de l’Imaginaire » lancée par la blogueuse de « Ma Lecturothèque ». Merci à elle pour cette idée !
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