Attention : ce livre, et donc ma chronique, aborde des thématiques liés à l’esclavage et la déshumanisation.
La monture est un roman de science fiction de Carol Emshwiller. Le monde a été envahi par des extraterrestres, les Hoots, qui utilisent les humains comme montures pour compenser leurs faibles jambes.
Le narrateur principal est Charley/Smiley, un pré-adolescent qui rêve de participer aux plus grandes courses de montures. Il devient celle de l’héritier des Hoots – son Excellence-Vouée-A-Devenir-Notre-Maître-A-Tous.
Un jour, des humains libres envahissent la ville et l’étable dans lesquels vit Charley pour libérer tous les humains du joug des Hoots. Charley décide de sauver l’héritier Hoot et de le protéger des autres humains. Il rencontre aussi son père, devenu libre, et la vie réinventée par les humains loin de l’exploitation par les Hoots.
Ce roman parle d’aliénation, de liberté et d’humanité.
Charley veut continuer à être la monture de l’héritier, à être un bon trotteur et à vivre dans un box avec climatiseur. Il ne veut pas rester dans un camp dans la montagne, à s’habiller en vêtements grossiers et côtoyer des humains qu’il considère comme des montures inférieures à lui. Les normes culturelles des Hoots ont marqué au fer le garçon. Pourtant, en côtoyant ses pairs, il va peu à peu évoluer, tout comme sa relation avec son Excellence-Vouée-A-Devenir-Notre-Maître-A-Tous se transformera en une amitié égalitaire.
Attention, certains passages sont violents, notamment lors des passages du point de vue du père. Par exemple, il n’arrive quasiment plus à parler suite aux tortures subies. De plus, la déshumanisation des personnages m’a grandement perturbée (euphémisme). Imaginer des hommes portant fausses moustaches trottant en rythme est horrible, mais le fait que Charley veuille en être l’est encore plus. Beaucoup d’aspects du roman fait écho à la condition des esclaves en Amérique : la déshumanisation donc, mais aussi la séparation des familles, l’utilisation d’objets de tortures comme le mors, la reproduction forcée (qui ne sera pas décrite)… et la violence qui en découlent.
Le livre m’a aussi questionné sur le traitement des chevaux et aux autres animaux, que l’on exploite allégrement. Ce traitement inhumain ne serait-il pas aussi in-animal ? Après tout, les chevaux sont sentients comme les humains.
Peu d’explication sera donnée sur comment les Hoots, des êtres semblant a priori faibles, ont pu envahir la Terre, ni exactement depuis combien de temps. Des indices sont parsemés ici ou là mais, à mon avis, insuffisants pour se faire une idée précise et ils ne sont pas toujours très cohérents entre eux. Personnellement, cela ne m’a pas gêné car le propos du livre se tient sans. De plus, je fais partie des gens qui n’ont pas besoin de beaucoup d’informations sur un univers pour rentrer dans l’histoire.
La narration est fluide. L’histoire est racontée la plupart du temps par Charley, à la première personne avec la langue d’un garçon d’une douzaine d’années. Quelques passages sont du point de vue du père, à la troisième personne : des paragraphes courts, aussi courts que les paroles qu’il essaye de dire.
Par contre, j’ai eu plus de mal sur le dénouement final, qui m’a paru trop facile. Après tout, on parle ici d’une société esclavagiste existant depuis plusieurs générations. Tout ne peut pas se finir en un claquement de doigt, sans sang versé.
En bref, un roman assez court, se lisant vite, perturbant, qui questionne et interpelle.
Note : cette chronique a été écrite dans le cadre de la 11e édition du « Challenge de l’Imaginaire » lancée par la blogueuse de « Ma Lecturothèque ». Merci à elle pour cette idée !
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