Cette année, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis partie en solo, en mode sac à dos.

Partir seule, c’est me prouver à moi-même que je pouvais retrouver une part d’indépendance. De responsabilité sur mes propres actes, nécessaire après plusieurs mois difficiles. Pour mieux connaître mon fonctionnement et mes limites et pour se dire : oui, je suis capable de faire quelque chose par moi-même.

J’en rêvais depuis des années, sans arriver à passer le pas. Les voyages en solo racontés par des camarades militantes m’impressionnaient. Comme je les enviais, ces femmes qui avaient assez de courage pour affronter seules le monde extérieur. Découvrir la beauté et la complexité par son propre regard. Se retrouver en tête à tête avec soi-même, sans contrainte liée aux autres, si lointains, étranges.

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Les côtes de Bretagne m’avaient laissé une impression de mélancolie et de beauté. C’était donc une destination de choix pour mon voyage.

Après plusieurs jours de recherche et de comparaison entre différentes randonnées, ainsi que la prise en compte de l’accessibilité en transport en commun, j’ai trouvé celle qui serait mon premier bivouac en solo : 70 km de marche (plutôt 75 kms à cause de déviations et d’éloignement d’un camping) sur le sentier des douaniers entre Saint Brieuc et Paimpol. Le tout sur 4 jours.

Vivent les transports en commun

J’ai d’abord réservé le train, en naviguant entre SNCF Connect (arg) et le site TER Bretagne :

  • Pour l’aller : Lyon → Paris puis Paris → Saint Brieuc en TGV
  • Pour le retour : Paimpol → Quincamp en TER (non réservable) puis Quincanp→ Paris et Paris → Lyon en TGV

Les trajets Paimpol → Quincamp étant peu nombreux (un à 9h, un autre à 13h…) , j’ai préféré prendre un TGV tard pour avoir de la marge en cas d’annulation/retard/disparition du train régional que je prévoyais prendre.

Bon à savoir : la carte Avantages Adulte donne droit à des réductions sur les TERs de la région bretonne !

Au total, les billets m’ont coûté 185 euros aller-retour. Un peu cher, mais beaucoup moins que le même trajet en voiture (en me basant sur le site Via Michelin) : 300 euros aller-retours, sans prendre en compte les frais annexes comme l’amortissement de la voiture et l’assurance.

Une grosse semaine avant le départ, j’ai téléphoné aux différents campings pour réserver des places. Certains ne prenaient pas de réservation car il y avait toujours de la place, d’autres que sur Internet. J’ai d’abord tablé sur les campings les plus proches du sentier des douaniers tout en restant relativement intégré dans une ville/village. Cependant, mon premier camping, celui de Saint Brieuc, était relativement éloigné du départ de la randonnée, ce qui m’a ajouté une heure de marche (3 kms).

Contenu du sac à dos

Quelques jours précédents le départ, j’ai préparé mon sac à dos. Merci aux collègues qui m’ont donné leur liste de voyage 🙂 L’ensemble du matériel que j’ai emmené est listé ci-dessous.

Marche :

  • Sac à dos 50 L
  • Protection de sac contre la pluie
  • Bâtons

Hébergement :

  • Duvet
  • Matelas de sol
  • Tente bivouac 2 places

Hygiène/santé :

  • Petit flacon de shampoing douche
  • Brosse à dent et dentifrice
  • Serviette microfibre
  • Médicaments et ordonnance
  • Papier toilette
  • Crème solaire
  • Trousse secours avec une couverture de survie, des pansements, du sérum physiologique, une pipette de désinfectant, une bande, une pince anti-tique, une paire de ciseau à ongle, une plaquette de dolipranes

Vêtements :

  • Veste de pluie
  • Gants, bonnet, tour de cou
  • Bob de randonné
  • Lunettes de soleil
  • 1 short
  • 1 pantalon
  • 1 polaire
  • 2 tee shirts
  • 2 culottes en mérinos et 1 brassière en mérinos
  • 2 paires de chaussettes de marche
  • Maillot de bain
  • Tongs
  • T-shirt pyjama
  • Sur-pantalon de pluie

Nourriture :

  • Petit pot de confiture
  • 2 paquets de nouilles
  • Thé
  • Gâteaux
  • 2 bouteilles d’eau : 0,75L+1,25L
  • Popote : Casserole + fourchette pliante + bol
  • Brûleur
  • 1 gaz
  • Couteau-suisse Briquet
  • 1 petite cuillère

Bidules utiles :

  • Lampe frontale
  • Téléphone
  • Câble USB
  • Cordes, sangles et pince à linge
  • Lacrymo
  • Sacs poubelles
  • 2 Batteries chargées
  • Cartes (sur portable)
  • Coordonnées campings glissée dans le portefeuille
  • Papiers et argent
  • 1 livre

Au total, mon sac faisait près de quinze kilos. Limite limite vu mon gabarit…

J’ai choisi un sac grand pour ne pas trop me prendre la tête en terme de rangement. Avec ses sangles internes et externes ainsi que ses multiples poches externes, il a été parfait.

La tente 2 places était trop grande pour moi seule. Tout cet espace inutile que j’ai dû porté, alors que le moindre gramme pèse lourdement après 15 kms… Je prendrai une tente plus petite l’année prochaine.

J’ai perdu mon tour de cou dès le premier jour, quand j’ai voulu vérifié 30 minutes après avoir quitté le camping la présence des sardines au fond du sas de tente – aaaah la joie des angoissées de la vie (bien sûr, je n’avais rien oublié au camping) ; et presque aussi vite cassé mes tongs.

Le sur-pantalon ne m’a pas été utile du tout. La marche réchauffe bien, le corps est trempé de sueur, et la pluie n’était pas suffisante pour préférer faire sauna avec ce vêtement étanche. Pas certaine de le reprendre quand je retournerai en Bretagne.

Vu à quel point il est difficile de se perdre sur le sentier des douaniers, je n’ai pris ni topologie, ni cartes, ni boussoles. Clairement, je n’aurai pas fait ce choix pour une randonnée en montagne.

Je plussoie les sous-vêtements en mérinos. Un peu chers, mais tellement pratiques et confortables. Lors d’un bivouac précédent (traversé du plateau du Vercors, 1200 mètres de dénivelé, deux jours de marche), j’avais eu de grosses brûlures liées au frottement des sous-vêtements. Cette fois-ci, rien du tout !

Les bâtons ont été indispensables. J’ai dû vérifier comment bien les utiliser, mais une fois pris en main, l’apport est clair et net : d’une très grande aide lors des montées et descentes, ils permettent aussi d’avancer d’un meilleur pas sur des terrains plats et de moins ressentir le poids du sac.

Les deux litres d’eau ont eux aussi été nécessaires. A cause de la sécheresse (oui, en Bretagne), beaucoup de points d’eau étaient coupés, ce qui aurait pu être dangereux sans avoir mes propres bouteilles.

Un livre ne suffisait clairement pas. Heureusement, des librairies étaient ouvertes dans les villes où je m’étais arrêtée, mais là encore, le poids du sac m’a limité grandement. Mais comme j’ai beaucoup du mal à me débarrasser des objets qui m’ont été utiles ou que j’ai aimé, j’ai ramené plus de livres que j’en avais pris…

Voyage voyage

Chaque baie, chaque plage, chaque port avaient leur propre atmosphère. Une mer émeraude, grise, ou bleue lagune en fonction de l’heure et du lieu, qui se dissout dans le ciel changeant. Des maisons de pierres au toit pointu d’ardoise grise, des résidences secondaires du XIXeme siècle. Des falaises roses. Des plages de galets, d’autres de sable blond doux sous les pieds fatigués. Des mouettes moqueuses volant au dessus de bateaux de pêche échoués sur le sable de marée basse. Des chapelles bordées d’hortensias. Des rangées d’huîtres travaillées par des hommes en salopette plastifiée.

Et des algues vertes au gaz dangereux, surtout entre Saint Brieuc et Binic, résultats de l’agriculture intensive bretonne, des bourgeois en vacances, des maisons en ruine, des privatisations sauvages de la côte, …

Voyager seule permet les rencontres, des discussions. Des femmes de plus de soixante ans en large majorité : randonneuses d’ici ou d’ailleurs, amoureuses de ces côtes, de leur festival de pirate, de leurs lieux de haute résistance, de la mer infinie.

Maintenant, parlons sérieusement, parlons nourriture. Pour des questions de poids du sac, j’avais décidé de ne prendre que deux paquets de nouilles et des gâteaux au cas où. Ces derniers ont été utiles pour les jours où je n’avais pas/plus de pain pour le petit-déjeuner.

J’ai vite arrêté de prendre du thé le matin, car j’ai eu très peur de mettre le feu au camping le jour où j’ai fait tombé mon réchaud au sol, avec les herbes très sèches. Donc mes matinées commençaient au pain sec de la veille et eau. Parfait, non ? Bon, en toute sincérité, je m’en fichais, vu que mes papilles sont autant du matin que moi, c’est-à-dire pas du tout.

Et enfin, les crêperies. Toutes ne se valent pas, mais certaines proposent de vrais délices à en manger sur la tête d’un pouilleux. Franchement, c’était difficile de revenir vers les crêpes vegan maison après ce voyage 😉

Un au-revoir

Entre les plages, les falaises, les villages et les crêpes, je crois que je suis tombée amoureuse des côtes bretonnes. A voir si cela ne relève que de la passion temporaire ou de l’amour sur le long terme.

Je compte bien y retourner l’année prochaine pour découvrir d’autres aspects de cette côte. Avec un sac plus léger et des embouts au bout des bâtons.

Crê
Le meilleur repas du voyage
Port de Saint Brieuc
A la sortie de Saint Brieuc : des plages d’algues vertes
Enfin la mer après un détour de plusieurs kilomètres
Monument dédié aux disparu-e-s en mer
Une mouette prend la pause
Vue d’un des campings
Un port de pêche datant du Moyen-Âge
Plage Napoléon
Ostréiculture à l’approche de Paimpol
Bateaux vers Paimpol