La chute de la maison d’argent est un roman d’urban fantasy, se passant à Paris dans un univers parallèle au nôtre. Dans ce monde, des anges déchus tombent régulièrement du ciel. Ces déchus sont source de magie, et sont autant craints que recherchés pour leurs os, peau et autres morceaux de corps qui servent aux humains pour créer des sorts. Paris en ruine est divisée en maisons plus ou moins puissantes. La maison aux flèches d’argent qui règne sur l’île de la Cité a perdu de sa splendeur depuis la disparition de son chef Etoile-du-matin (plus connu sous le nom de Lucifer). Sa chute sera plus rude quand Philippe, un ancien immortel de la cour de l’empereur de Jade, délivrera une malédiction sur la maison.
L’univers est riche, entre post-apocalypse et fantasy, avec Paris détruite et polluée par les sorts magiques datant de la grande guerre. J’ai beaucoup apprécié l’image de ces anges déchus, qui perdent peu à peu leur magie avec le temps. L’utilisation de leur corps comme source de magie est aussi une bonne idée, permettant de comprendre pourquoi, malgré leurs pouvoirs, les déchu·e·s sont rattaché·e·s à des maisons.
Via le personnage de Philippe, d’origine vietnamienne, le livre critique ouvertement le colonialisme : comment la France a utilisé les colonisés comme chair à canon pendant la guerre, et comment les ressources des colonies, comme le caoutchouc, sont volés par les pays colonisateurs. A cela s’ajoute un aspect fantasy, où les déchus ont écrasés les dieux pré-existant·e·s lors de l’envahissement par les colons.
J’ai apprécié que les couples représentés ne soient pas qu’hétérosexuels. Séléné, la cheffe de la maison aux flèches d’argent, vit avec une femme, Asmodée, le chef de la maison Aupébine, est en couple avec un homme. Cela fait du bien de tomber sur des représentations normalisées LGBTI. De plus Philippe, dont on suite le point de vue, n’est pas blanc. Ainsi, parmi les personnages principaux, nous avons une lesbienne blanche (Séléné), un homme non-blanc (Philippe) et une hétéro blanche (Madeleine). Bref, ça nous change des héros masculins et blancs 😉
Cependant, malgré cette diversité, je n’ai pas vraiment accroché aux personnages. Je les ai trouvé très passifs et très négatifs, même si ce dernier point s’explique par leur histoire. Séléné est peut-être la plus active d’entre elleux, mais elle n’a aucun poids dans l’histoire, aucune de ses actions ne fait changer le cours des choses, à part à la toute fin. Par contre, elle fait des choix qui m’ont semblé vraiment en décalage avec sa position de leadeuse : elle laisse un chef ennemi se balader dans sa maison sans surveillance, elle ne pose pas les questions quand il le faut, elle déteste Phillippe on ne sait pas trop pourquoi… Madeleine n’apporte rien à l’histoire, et Philippe ne sert que de bouc-émissaire pour les meurtres liés à la malédiction. En fait, les seuls personnages qui m’ont plu sont Asmodée et Etoile-du-matin, qui sont flamboyants et complexes, mais secondaires.
A cause de cette passivité, j’ai failli lâché le livre au milieu. Des longueurs s’installent. La malédiction est là, sans qu’aucun des personnages n’arrive à l’influencer. Il y a bien une enquête sur l’origine de la malédiction, mais le fait de la connaître ne change rien à l’histoire. Même les passages « d’action » m’ont laissé de marbre. Heureusement, la fin m’a plus accrochée, et rattrape, un peu, les longueurs précédentes.
De plus, certains points clefs de l’histoire ne sont pas expliqués. Peut-être seront-ils clarifiés dans le deuxième tome, mais ils me semblent trop important pour être mis sous le tapis.
Pour toutes ces raisons, je ne conseillerai pas spécialement ce roman. Je serai par contre curieuse de savoir si vous l’avez lu et, si vous l’avez aimé, pourquoi.
Note : cette chronique a été écrite dans le cadre de la 11e édition du « Challenge de l’Imaginaire » lancée par la blogueuse de « Ma Lecturothèque ». Merci à elle pour cette idée !
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