Il y a quelques mois (un an en fait…), la sécurité routière avait lancé une campagne d’affichage « Attention à vélo, attention aux vélos ».

A l’époque, les messages véhiculés m’avaient gêné. Je déplorais (et je déplore toujours) l’absence de concret et le renvoi dos-à-dos des cyclistes et des automobilistes, ces dernièr·e·s, rappelons-le, tuant un nombre très élevé de personnes alors que les cyclistes, aucune (ou presque).

Je ne parlerai pas du port du casque, dont l’utilité en ville est discutable (pour les cyclistes adultes). Il y a déjà des études et des retours d’expériences sur cet aspect.

Je voudrais revenir sur un sujet en particulier : doit-on indiquer un changement de trajectoire en tendant le bras ?

« Attention à vélo, attention aux vélos » de la sécurité routière

Une meilleure communication

Indiquer un changement de trajectoire permet d’améliorer la communication avec les autres usagèr·e·s de la route : je signale ainsi la présence d’un obstacle sur le chemin, ou mon intention de doubler un·e autre usagèr·e ou encore celle de tourner dans une intersection.

Une personne derrière moi peut ainsi anticiper ma trajectoire et adapter sa vitesse et sa position sur la route au changement de situation.

Mais il existe d’autres méthodes pour deviner les changements de trajectoire du ou de la cycliste qui précède : le ralentissement, la position sur la chaussée, la tête qui pivote…

Le bras tendu est une des méthodes les plus visibles, mais pas l’unique, et pas toujours la mieux adaptée.

Les risques liés à la signalisation par le bras

Tendre un bras implique d’enlever la main du guidon. C’est évident, mais en découle automatiquement :

  • Une modification de l’équilibre
  • Une modification plus ou moins prononcée de la trajectoire
  • Une plus faible réactivité pour freiner

Ces points peuvent rendre plus dangereuses certaines situations, notamment quand l’équilibre n’est pas son fort (comme dans mon cas… j’envie toute personne pouvant rouler sans les mains) ou quand on débute en vélo car les réflexes ne sont pas encore développés.

Par exemple, ce n’est pas très pertinent de tendre le bras pendant un virage : je peux perdre mon équilibre ou ne pas arriver à éviter une voiture fonçant à toute allure.

D’autres situations peuvent exiger une forte vigilance, comme dans les cas où il y a beaucoup de monde. Je garde mon énergie à analyser la situation pour éviter de me faire rentrer dedans et/ou éviter de rentrer dans les autres.

Note : Ralentir est souvent le meilleur compromis quand les autres sont des cyclistes ou des piéton·e·s.

De plus, il peut être difficile dans certains cas d’éloigner sa main du guidon.

Régulièrement, j’enfourche ma bécane pour grimper une des collines qui surplombent ma ville. Et… je galère. Beaucoup. A chaque fois. Mon mini col du Galibier à moi. La faute à mon nexus 7 à plateau unique (que je chéris d’amour. Quelle joie de pouvoir changer les vitesses à l’arrêt <3).

Je n’ai même plus la force de lever mon bras. Vraiment. Et je ne parle pas de la descente, où mes mains ne s’éloignent jamais des freins…

Et puis des fois, on n’a juste pas le temps. Par exemple, quand un enfant traverse la piste cyclable, il est souvent trop tard pour piler. Alors je l’évite. Oui, je préfère me faire rentrer dedans que d’écraser un enfant, même s’il n’avait rien à faire sur la piste cyclable.

Que faire ?

Si une situation demande un changement de trajectoire :

  1. Je fais mon angle mort dans la direction que je pense prendre. Cette étape est en fait la plus importante : cela permet de vérifier que je ne vais pas me mettre en danger lors de mon changement de trajectoire
  2. Si personne est en train de me doubler, j’indique avec le bras ma direction
  3. Avant le changement, je remets la main sur mon guidon
  4. Puis je change de direction

A force, ces étapes sont devenues des réflexes qui ne me demandent quasiment plus de réflexion. Quand je peux, j’anticipe au mieux afin de me donner le temps de réagir aux autres et à moi-même : j’essaie de signaler mon changement de trajectoire plusieurs secondes avant qu’il soit effectif.

Avec le temps, j’ai remarqué que j’utilisais deux signalisations un peu différentes l’une de l’autre :

  • En cas de changement de direction (tourner à droite ou tourner à gauche), je tend mon bras à peu près à 90 degrés, c’est-à-dire parallèlement au sol
  • En cas dépassement, je pointe la main vers le sol du côté du dépassement, formant un angle d’à peu près 45 degrés avec la route. L’effort est moindre que pour le changement de direction et la main plus proche du frein en cas d’urgence, comme une mauvaise estimation de la vitesse de la personne en face (c’est du vécu)

Rien d’obligatoire, bien sûr. Chacun·e à sa façon de faire. Ce qui compte est de ne pas mettre sa vie en danger, ni celle des autres afin de profiter pleinement de sa course en bicyclette.

J’ai aussi croisé des cyclotouristes indiquant les ralentissements comme les feux ou les stops en faisant un geste de la main vers l’arrière. Très surprenant les premières fois. Et sincèrement, je ne suis pas certaine du bénéfice face aux risques de perte d’équilibre et le risque de foirage de freinage, quand on est en ville et hors d’un peloton.

Si je ne peux pas lever le bras par manque de temps ou parce que je ne préfère pas éloigner une de mes mains des freins, j’essaie le plus possible de faire mon angle mort en tournant la tête. C’est une façon, moins visible que le bras tendu, d’indiquer aux personnes derrière moi mon intention, tout en assurant ma sécurité : dans certains cas, mieux vaut ne pas changer de trajectoire.

De plus, j’essaie de garder toujours une distance avec le véhicule qui me précède, qu’il soit motorisé ou non, pour conserver un temps de réaction en cas de surprise.

En résumé

Indiquer un changement de trajectoire par le bras permet une meilleure communication avec les autres usagèr·e·s de la route. Mais, il s’agit d’une mesure de courtoisie.

Appréciable, certes. Utile, double certes. Toutefois et de mon expérience, une mesure qui ne garantit pas sa sécurité, encore moins dans les intersections et face à un camion, et qui peut, en fonction du contexte, aggraver certaines situations.

Ce qui est important, par contre, c’est de rouler en sécurité. C’est pourquoi le fait de vérifier ses angles morts est primordial et qu’il faut toujours adapter sa conduite à la situation.

Sources