Cyberland est un livre de Science-Fiction écrit par Li-Cam. Un rapide (pas si rapide) résumé : dans un futur proche, les humains peuvent se connecter au Cyberland, un monde virtuel où on peut vivre toutes sortes d’expériences. Ce monde est régi par le Chronocyte, une intelligence artificielle créée par un complet hasard, et possède des règles propres, différentes de celles du monde « réel ». Après la découverte de l’existence du Chronocyte, les humains mettent au pouvoir un parti autoritaire dont le but est de détruire le Cyberland pour reprendre le contrôle sur la technique et, pour cela, n’hésite pas à envoyer en prison des milliers de dissident·es. Pour mener à bien cette destruction, cinq enfants sont envoyés dans le Cyberland pour tenter de le détruire de l’intérieur…

Pour la petite histoire, il s’agit du roman qui m’a accompagné lors de mon périple en Larzac. 357 pages de SF en poche soit 250 grammes à lire les doigts de pieds en éventail.

Le livre est composé de trois parties : <Saïd in Cyberland>, <Asulon> et <Simulation love>. Les deux premières sont en lien direct, on y retrouve un personnage en commun, alors que la dernière peut être lue indépendamment et se passe (a priori) après les deux autres.

J’ai très vite été immergée dans l’univers, la narration au présent et à la première personne y aidant. L’histoire donne l’impression de la vivre en temps réel et les péripéties s’enchaînent vite, surtout dans la première partie qui ne donne pas le temps de s’ennuyer, même si plus on avance la lecture plus les longueurs se font présentes.

Le gros point positif a été pour moi le narrateur de la première partie, que j’ai adoré : Ierofan.th, un synthétique capable de modifier la trame du Cyberland. Les autres personnages sont aussi attachants, en particulier le jeune Saïd, et l’accès aux pensées des personnages par Ierofan.th – et donc par les lecteurices – est un vrai plus. Le soldat bourru de la troisième partie m’a aussi plu. Par contre, les personnages de la partie <Asulon> m’ont profondément ennuyé, avec leur propension à philosopher à tout va. Cette tendance était déjà présente dans <Saïd in Cyberland>, de plus en plus marquée avec les pages, avec une tendance à l’auto-analyse des personnes vraiment lourde, mais empire franchement dans la deuxième partie.

Autant je m’auto-analyse tout le temps (ce qui doit être très soûlant pour la personne avec qui je vis), autant je déteste ça dans les fictions que je lis ou que je vois. En plus, la philosophie n’a jamais été trop mon truc, j’ai toujours eu une préférence pour la sociologie ou les essais politiques. Ici, les longues digressions et explications philosophiques m’ont même sortie du livre.

Concernant le propos du livre, la technologie est présentée comme salvatrice (très techbro…) et l’élaboration politique élaborée dans le roman m’ont un poil ennuyé en tant que libertaire. Il est ici important pour moi de rappeler que la technologie n’est pas neutre et que personne ne devrait décider à la place des autres. Toutefois, les solutions présentées m’ont quand même fait réfléchir, même si j’étais en désaccord avec les positions défendues dans le livre.

De plus, le principe même de la prison Asulon m’a questionnée : pourquoi enfermer 600 000 personnes dans une prison tout en leur laissant la liberté de se gouverner comme elles le souhaitent, plutôt que de les tuer ? Si j’étais une personne autoritaire, je torturerai et ferai disparaître des personnes de temps en temps, tout en laissant planer une épée de Damoclès arbitraires au dessus de toutes les têtes. Bref, j’utiliserai la terreur pour garder les personnes dans mon giron.

Concernant la troisième partie, celle-ci est sympathique, bien écrite, mais sans vraiment de surprise si on a lu les deux parties précédentes. Au moins, le soldat ne passe pas son temps à s’écouter réfléchir, même si son adhésion a ce qui se passe me semble un poil rapide.

En conclusion, des parties assez inégales pour moi, avec une première partie réussie que ce soit l’univers, l’histoire ou certains des personnages, mais une appétence à la philosophie est nécessaire pour vraiment apprécier la totalité du roman.

Tant qu’aucun membres du groupe ne finit la tête broyée entre mes gigantesques fesses, l’honneur est sauf ainsi que la mission qui m’a été assignée. Je tente quand même au cas où :

<Ierofan.th @ chronocyte / requiert l’élargissement du flux entre le point 4468_56858 et le bloc 678_5788Y
<Requête refusée. Mémoire insuffisante.>


Je m’en doutais.

Je me compacte le plus possible, j’efface un tas de lignes superflues, des paragraphes entier, je fais le ménage dans mes programmes, j’essaye de maigrir d’une dizaine de kilos. Il ne faut rien négliger.

Je prends mon élan, je dégaine mes algorithmes les plus complexes.

Et je fonce comme une fusée. Il faut que j’atteigne la vitesse de la lumière, rien que ça, pour
arriver à peu près en même temps que le reste de la troupe.

Je cours, je vole, je file, je décolle.

Et j’écrase tout sur mon passage.

Note : cette chronique a été écrite dans le cadre de la 12e édition du « Challenge de l’Imaginaire » suivie par la blogueuse de « Tornade de lecture». Merci à elle !

Image avec "Challenge de l'imaginaire" écrit en surimpression du chiffre "12"
Dans la lettre C, une silhouette semble tomber la tête vers le bas d'un plafond d’amas lumineux.Tons pastels