Chroniques de l’imaginaire – L’incivilité des fantômes de R. Salomon

Point d’attention : cette chronique parlera de violences, dont de violences sexuelles.

L’incivilité des fantômes est un roman de space opera écrit par Rivers Salomon. Il raconte l’histoire d’Aster dans un vaisseau générationnel, le Mathilda. Ce vaisseau est régi par une société de castes très hiérarchiques et strictes, mêlant allégrement sexisme et racisme.

Couverture du livre.
Fond rouge. Sur le quart haut du livre, un demi-cercle d'un dôme donnant sur les étoiles.
Au centre, une petite silhouette pieds nus d'une personne noire, cheveux très courts, portant une combinaison blanche sans manche. La silhouette est encadrée par deux grandes ombres en formes de silhouettes de personnes avec les mains dans le dos et avec des jupes raides.

Aster appartient au pont du vaisseau Q, un des ponts les plus inférieurs et parmi les plus touchés par les coupures de chauffage dues des baisses d’énergie. Elle enquête sur le suicide de sa mère, qui a eu lieu vingt-cinq années auparavant, pendant une autre coupure d’énergie.

Aster fera face à des violences de tout type, des violences symboliques, aux coups, aux humiliations en passant par le viol. La violence est un moyen pour les dominants de maintenir leur domination, et ce livre le montre bien. La religion est aussi très présente, et témoigne de comment elle peut avoir un rôle de justifications des injustices. Le monde est largement inspiré des sociétés coloniales, dans toute sa complexité.

L’auteurice arrive bien à montrer la force des personnes dominées, leurs solidarités face aux classes supérieures, et comment les gens parviennent plus ou moins à se construire une vie dans cet univers tout pété d’injustice et de violences.

Heureusement, il y a quelques moments où on souffle avec Aster, comme lorsqu’elle s’occupe de ses plantes ou encore lors de ses discussions avec Théo, le (la) chirurgien du vaisseau.

L’auteurice parvient aussi à nous mettre dans la peau d’Aster, de façon incarnée. Les atypies d’Aster sont (il me semble) bien rendues, ses intérêts poussés pour la médecine, sa sensibilité à la lumière, ses interactions directes… J’ai beaucoup aimé cet aspect de ce roman. Les rares passages d’un autre point de vue qu’Aster donnent encore plus de complexité aux personnages secondaires.

Mais, vraiment, ce livre n’est pas là pour faire du bien. Il est là pour nous secouer, remuer le couteau dans la plaie. J’avoue avoir eu du mal avec l’accumulation des violences.

A cela, s’ajoutent quelques longueurs à partir du milieu de l’histoire, où j’ai eu l’impression que les coups durs s’enchaînaient sans que l’histoire n’avance d’un poil. Ce qui est vrai dans la « vraie vie », mais ai-je envie de souffrir autant en lisant ? J’ai aussi été un poil dubitative sur la fin mi-figue mi-raisin. Peut-être aurais-je aimé une fin plus positivement tranchée.

Malgré ces défauts, je conseille quand même ce roman pour le personnage d’Aster et l’univers que l’auteurice a réussi à construire.

Note 1 : à la base, j’ai eu envie de lire ce roman grâce au podcast Vortex et Rotative. Je vous partage donc le lien.

Note 2 : cette chronique a été écrite dans le cadre de la 11e édition du « Challenge de l’Imaginaire » lancée par la blogueuse de « Ma Lecturothèque ». Merci à elle pour cette idée !

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  1. Ce roman est dans ma liste d’envies depuis… à peu près sa sortie, je pense. Et je ne compte pas l’ajouter à ma PAL dans l’immédiat car ce n’est pas ce que je veux lire actuellement, mais je compte bien découvrir ce roman, pour sûr !

    • Oui, je pense qu’il faut être dans un certain « état d’esprit » avant de se plonger dedans, notamment car il est (à mon avis) très violent…

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