Le Dieu d’Automne et d’Hiver est un roman de fantasy écrit par Pauline Sidre. On y suit Helkeziro, le dieu de la justice et de la vengeance dans son enquête pour résoudre un meurtre : celui d’un valet immortel, assassiné par statufication. Or, le seul monstre qui en était capable a été tué par Helkeziro lui-même, alors qu’il n’était qu’un simple humain. A moins que ses souvenirs soient déformés avec le temps et que le monstre qui a poursuivi – et tué – sa famille soit encore en vie ?
Ce roman est très mélancolique, l’histoire fait des vas-et-viens entre le présent et le passé d’Helkeziro, où l’enquête l’oblige à se replonger dans ses souvenirs d’avant son immortalité. La narration, parfois un peu lente, prend aussi son temps, qui n’a pas la même texture lorsque l’on est immortel·le. En comparaison avec le reste du livre, la résolution finale semble par ailleurs un poil précipitée.
J’ai beaucoup apprécié le personnage du dieu de la justice et de la vengeance. Il n’est pas à l’image d’un héros fier, mais possède un caractère colérique et des chaussures trouées à force de marcher. Ses capacités de méticulosité et d’observation n’ont rien de divins mais sont affinées avec l’expérience, lui permettant de résoudre les enquêtes de meurtres, de vols et autres méfaits commis contre ses nombreux fidèles.
Peu de magie au final dans ce roman, à part l’immortalité et le système de convocation. Ce dernier est par ailleurs très peu pratique en fait – et aura des conséquences concrètes sur l’enquête d’Helkeziro, qui en paye le prix. Comme pour Helzekiro, les capacités extraordinaires des autres dieux et déesses du Panthéon de Defroy n’ont rien d’un don divin mais se sont développées au fur et a mesure des siècles.
En plus du personnage d’Helkeziro, qui m’a touchée, j’ai beaucoup aimé Saltiomel, le roi des voleurs et aussi maître du Panthéon, forban facétieux. De façon générale, les personnages sont bien campé·es (ah ! Comme j’ai aimé détesté Semma d’Or) et les liens entre elleux sont finement décrites, tout en laissant certaines de leurs facettes sous-entendues. Après tout, les relations évoluent avec le temps, surtout quand on est immortel·le.
Avant de finir, je suis obligée d’écrire sur l’objet livre. Celui-ci est très beau, avec sa couverture rigide et sa jaquette, où l’illustration renvoie bien l’ambiance mélancolique du roman. La maison d’édition Projets Sillex fonctionne particulièrement. Elle n’imprime les livres qu’à la demande et financent les œuvres via des projets participatifs, permettant en cela de mieux rémunérer les auteurices. De plus, et c’est important pour moi, une liste (forcément) non-exhaustive d’avertissements de lecture se trouve à la fin. Celle-ci m’a permis de me préparer pour certains d’entre eux et d’apprécier la lecture sans me sentir mal. Cette intention aux lecteurices est encore trop rare pour être notée.
En résumé, un roman un peu lent, que j’ai renfermé avec beaucoup de mélancolie.
Quand les dieux avaient mis en place leur rituel d’invocation, Helkeziro avait réfléchi au plus terrible qu’il soit ? Il craignait, avec raison, d’être appelé à tout bout de champ.
— Qu’on me sacrifie un animal de belle prestance, avait-il décidé ?
Ça avait fait rire Saltiomel pendant des jours. Puis le maître des dieux, en avisant son sérieux, lui avait rétorqué :
— Mauvaise idée, Helki, ce n’est pas ça qui va arrêter tes fidèles. Par contre, toi, tu vas culpabiliser à chaque fois.
Note : cette chronique a été écrite dans le cadre de la 12e édition du « Challenge de l’Imaginaire » lancée par la blogueuse de « Tornade de lecture». Merci à elle pour cette idée !
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