Un matin, à l’heure où s’estompent les peurs
J’ai ouvert la plaie près de mon cœur
Et écarté la chair de ma poitrine

J’en ai tiré un fil de colère
Trempé dans l’amer aux reflets bleus-gris
Il colle à mes doigts, il colle à mes nerfs,
Il engourdit ma rage dans les entrelacs
Poisseux de pensées ressassées

Je pourrai le couper d’une lame de rasoir
Ce fil qui me rattache aux Moires
Je décide d’en filer une pelote de laine
Ressortir le rouet construit par d’autres
Passé de mains en mains incognito

Je saisis les aiguilles de ma grand-mère
Et de cette pelote de haine tricote un paysage fleuri
Je mêle mon fil à la tapisserie commune

des brisées de ce monde


Transformant l’amer en beauté
La colère en luttes
Les peurs en patchwork de joies bigarrées